Elle avait envoyé sa fillette jouer dehors. Et pour cause, prête à accoucher elle n'avait eu que le temps d'appeler la sage femme en urgence. La bambine de deux ans et demi était descendue les trois étages sur ses petites jambes, calmement. En sortant de l'immeuble, l'intense lumière de cet après-midi d'août l'avait d’abord aveuglée, puis, l'immensité bleue du ciel pur pénétra son regard ; une impression qu'elle n'oublierait jamais. Marchant jusqu'au fond du parc désert, des fleurs de liserons attirèrent son attention. Sans même penser à la toucher ou à la cueillir, elle qui aimait explorer le monde avec tous ses sens, elle s'absorba toute entière dans la contemplation d'une corolle blanche couverte de gouttelettes, chaque fibre de son corps vibrant d'un émerveillement total. Immobile, silencieuse et alignée, elle communiquait avec son amie la fleur, dans un intense état de bonheur tandis que son âme s'imprégnait profondément de Lumière.
J'ai longtemps laissé ce premier souvenir dans l'oubli. Il m'est revenu avec une étonnante clarté à la suite d'un enseignement parlant de notre nostalgie de l'Unité et m'invitant à retrouver, dans ma mémoire, les traces d'un tel vécu. Je suis reconnaissante à ma mère d'avoir eu confiance en moi et de m'avoir laissé, dans mon jeune âge, des pans de liberté pour expérimenter le monde à ma façon. Encore aujourd'hui, les fleurs sont une infinie source d'émerveillement pour moi. Et vous qu'est-ce qui vous émerveille ?
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